Guide simplifié sur le procédé de Recuisage des douilles, ou « Annealing »
Lorsque l’on recharge nos cartouches, il faut passer par l’étape du reformage de la dimension de nos douilles. Lors de la mise à feu, la cartouche prend de l’expansion suite aux pressions extrêmes provoquées par l’explosion, et vient épouser la forme de la chambre et la rendre étanche, empêchant les gaz de sortir vers le verrou et vers le tireur. Pour pouvoir réutiliser cette douille à nouveau, il nous faut la redimensionner, soit seulement la section de l’épaule (shoulder) et du col (neck), ou la redimensionner sur toute sa longueur (full lenght).
L’alliage de laiton (brass) utilisé pour la fabrication des douilles réagit en durcissant au fur et à mesure qu’il subit une déformation, comme l’expansion lors de la mise à feu, et lors de la compression pour le reformage (resizing). Ce phénomène s’appele ECROUISSAGE. À la longue, l’alliage de laiton deviendra de plus en plus dur jusqu’au point de rupture, ce qui limite la durée de vie des douilles et le nombre de fois où l’on peut recharger celle-ci. On recuit donc les douilles pour leur redonner une malléabilité comme à leur origine. Aussi, au fur et à mesure que l’on les redimensionne, leur élasticité change, ce qui a pour impact de changer la tension de serrage sur les boulets (neck tension), ce qui influence grandement les vélocités lors de la mise à feu. Il est donc avantageux de recuire fréquemment les douilles pour avoir une tension constante, et donc des vélocités plus constantes. Certains tireurs recuisent leurs douilles avant chaque rechargement.
Il n’y a aucune contre-indication pour recuire les douilles régulièrement, tant que les règles de base sont respectées.
IL FAUT BIEN SAVOIR que lors de sa fabrication, un trempage différent est fait sur les différentes sections de la douille. La base est plus durcie pour s’assurer que la douille résiste bien aux pressions extrêmes lors de la mise à feu, protégeant le tireur des gaz de l’explosion. La partie du col et de l’étui (neck) de la douille sont quant à eux traitées de façon qu’elles soient plus « tendre », permettant une certaine élasticité, car plusieurs fonctions devront être remplies : retenir le boulet avant la mise à feu, expandre et étancher la chambre lors de la mise à feu pour s’assurer que tous les gaz sortent par le canon, et non vers le tireur. IL EST DONC IMPÉRATIF DE NE PAS CHANGER LES PROPRIÉTÉS DE LA BASE DE LA DOUILLE LORSQUE L’ON RECUIT LA DOUILLE, pour des raisons de sécurité. Seul le collet et l’épaule de la douille doivent être recuits.
La température à laquelle recuire la douille est très importante. Une trop faible température ne changera pas du tout les propriétés du laiton, et ne lui rendra pas sont élasticité d’origine. Une température trop élevé brisera l’alliage de la douille et elle perdra toute ses propriétés et son élasticité, la rendant inutilisable et dangereuse.
Il y a une relation entre le temps de chauffage et la température à atteindre, soit que plus la douille est chauffée rapidement, plus la température doit être élevée. Inversement, si la douille est chauffée plus graduellement, moins la température requise sera élevée. Par contre, plus la durée de chauffage sera longue, plus la conduction de la chaleur risquera de faire chauffer la base de la douille, ce qui n’est pas souhaitable. En chauffant rapidement, une température entre 700F et 800F pendant quelques secondes est requise pour rendre les propriétés voulues à la douille. Passé 800F, le laiton commence à ramollir de façon irréversible. Pour vous donner une idée, le laiton commence à briller orange très pâle à un faible éclairage lorsqu’il atteint 950F.
VOUS NE POUVEZ PAS VALIDER UN BON RECUISAGE D’UNE DOUILLE PAR SA DÉCOLORATION.
Ces deux douilles de manufacturiers différents ont été chauffées a 750F. On peut voir une décoloration plus accentuée sur une d'entre elles.
La décoloration varie entre les manufacturiers de douilles lors d’une exposition à la même température. Certaines seront plus décolorées par le recuisage, et d’autres pratiquement pas. Le Tempilaq demeure la façon la plus simple et la moins coûteuse de connaître la température d’une douille. Les thermomètres à Infra-rouge seront faussés par la flamme, et l’émissivité du laiton rend la lecture du reflet infra-rouge nébuleux. Il existe d’autres instruments sophistiqués, mais leur prix est trop élevé pour l’utilisation simple de recuisage de douilles.
Le Tempilaq est une peinture spéciale qui fond à une température précise. Lors qu’appliquée à l'intérieur du col de la douille, elle peut indiquer le temps de chauffage requis pour atteindre la bonne température.
Le refroidissement par trempage dans l'eau: Un refroidissement rapide fera en sorte de ne pas modifier les propriétés du reste de la douille. Un trempage dans l’eau est une excellente façon de refroidir la douille rapidement car, contrairement aux aciers avec une teneur en carbone, le cuivre ne change pas de dureté lorsqu’il est refroidi dans l’eau. De plus, la chaleur étant plus grande, la température est atteinte plus rapidement, et si la douille est refroidie à l’eau, la chaleur reste concentrée dans le col et l’épaule, donc moins de risques de changer les propriétés de la base de la douille. Il faudra cependant bien les sécher avant de pouvoir passer aux prochaines étapes de leur rechargement.
Toujours porter une attention particulière à la sécurité lorsque vous recuisez vos douilles. Si l'opération est faite au même endroit que vous rechargez vos douilles, assurez-vous que les produits inflammables sont hors de portée de la flamme. Aussi, ne jamais recuire des douilles contenant une amorce encore "active"...
Jonathan Jalbert
Gong Joe